Dernière mise à jour Décembre 2025
Le Québec attire chaque année de nombreux professionnels de santé français, et les pharmaciens font partie des profils les plus recherchés. Entre une pénurie de main-d’œuvre plus marquée qu’en France, un champ de pratique élargi et des conditions de travail attractives, la province constitue une destination privilégiée pour celles et ceux qui souhaitent conjuguer qualité de vie, mobilité internationale et développement professionnel.
Mais exercer en pharmacie au Québec ne s’improvise pas. Même s’il existe depuis 2010 une entente France–Québec facilitant la reconnaissance des qualifications professionnelles des pharmaciens, le parcours nécessite une préparation rigoureuse, une bonne compréhension des démarches administratives et un véritable engagement personnel.
Ce guide complet présente, étape par étape, les conditions d’exercice au Québec pour les préparateurs français (BP/DEUST) et pour les pharmaciens diplômés en France, en s’appuyant sur les textes officiels de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) et sur la réalité du terrain en pharmacie communautaire.
- Travailler au Québec en tant que préparateur en pharmacie : un accès direct au métier
- Devenir pharmacien au Québec quand on est diplômé en France : un parcours encadré mais accessible
- Travailler immédiatement : un poste d’assistant technique pendant la reconnaissance
- Immigration et installation : un accompagnement qui fait la différence
- Marché de l’emploi : une pénurie plus marquée qu’en France
- Exercer en pharmacie au Québec : ce qui change par rapport à la France
- Quel profil de candidat pour réussir au Québec ?
- Idées reçues courantes
Travailler au Québec en tant que préparateur en pharmacie : un accès direct au métier
Contrairement au métier de pharmacien, l’exercice des assistants techniques en pharmacie (ATP) — l’équivalent des préparateurs français — n’est pas réglementé au Québec. Cela constitue un avantage majeur pour les titulaires d’un BP ou d’un DEUST.
✔ Diplômes reconnus automatiquement
Les diplômes français de BP et DEUST sont directement reconnus, sans équivalence ni inscription auprès d’un ordre professionnel. L’emploi d’ATP est accessible dès l’arrivée, ce qui permet aux préparateurs de travailler immédiatement en officine, de s’intégrer rapidement aux pratiques locales et de bénéficier d’un revenu dès le premier mois. Aucune formation obligatoire n’est requise pour exercer.
✔ Missions de l’ATP au Québec
Le rôle des ATP est essentiel dans la chaîne de dispensation :
- accueil des patients ;
- entrée des prescriptions ;
- préparation technique des ordonnances ;
- gestion des stocks et du laboratoire ;
- collaboration quotidienne avec les pharmaciens.
BON À SAVOIR :
le conseil au comptoir est strictement réservé aux pharmaciens : un élément important à connaître pour éviter toute confusion lors de la prise de poste.
✔ Profil recherché
Les pharmacies québécoises recrutent principalement :
- des préparateurs diplômés (BP ou DEUST) ;
- avec 1 à 3 ans d’expérience en officine ;
- capables de s’adapter rapidement aux logiciels et procédures propres au système québécois.
Grâce à la forte demande, les perspectives d’emploi sont nombreuses, notamment en région.
Devenir pharmacien au Québec quand on est diplômé en France : un parcours encadré mais accessible
Pour exercer comme pharmacien au Québec, il est obligatoire d’obtenir un permis de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ). L’entente France–Québec facilite cette démarche, mais ne la rend pas automatique.
✔ Un processus en 3 étapes majeures
Le parcours de reconnaissance dure en moyenne 8 à 10 mois après l’arrivée du candidat au Québec (à condition de réussir chaque étape au premier essai). Il se divise en trois phases :
1. L’examen ECOS (Évaluation Clinique Objective Structurée)
Cet examen pratique, d’une durée d’une journée, est l’équivalent de la partie II de l’examen d’aptitude du Bureau des examinateurs en pharmacie du Canada (BEPC).
Il évalue : le raisonnement clinique ; la capacité à résoudre des situations rencontrées en officine ; les compétences en communication professionnelle.
L’ECOS est offert deux fois par an (mai et novembre).
2. La formation universitaire en ligne (cours PHM 6510)
Ce cours de 3 crédits, dispensé par l’Université de Montréal, couvre :
- la législation québécoise ;
- le système de santé ;
- l’organisation et les responsabilités des pharmacies communautaires.
Durée moyenne : 2 à 3 mois, entièrement à distance.
Les étapes 1 et 2 peuvent être réalisées dans n’importe quel ordre.
3. Le stage professionnel de 600 heures
Le stage, obligatoire, se déroule généralement en pharmacie communautaire.
Il dure environ 4 mois et est rémunéré au salaire de pharmacien, ce qui facilite la transition financière.
BON À SAVOIR :
Il est possible de demander une équivalence partielle du stage en fonction de son expérience antérieure.
Récapitulatif des 3 étapes pour devenir pharmacien au Québec quand on est diplômé en France :
| Étape | Détails | Durée / fréquence |
|---|---|---|
| 1. Examen ECOS(Évaluation Clinique Objective Structurée) | Évaluation pratique d’une journée (raisonnement clinique, communication, résolution de cas). Correspond à la partie II de l’examen du BEPC. | 2 sessions par an (mai & novembre) |
| 2. Formation universitaire PHM 6510 | Cours en ligne (3 crédits) sur : législation québécoise, système de santé, organisation des pharmacies communautaires. | 2 à 3 mois — 100% à distance. Peut être fait avant ou après l’ECOS |
| 3. Stage professionnel | Stage obligatoire de 600 h, généralement en pharmacie communautaire. Rémunéré au salaire de pharmacien. Possibilité d’équivalence partielle. | Environ 4 mois |
✔ Deux voies officielles selon l’OPQ
Les pharmaciens français peuvent choisir entre deux parcours de reconnaissance :
Option A : ECOS + formation d’appoint + stage
C’est l’option la plus courte, environ 4 à 8 mois après la réussite de l’ECOS.
Option B : Programme de Qualification en pharmacie (Université de Montréal)
D’une durée d’environ 16 mois de cours + 600 h de stage, elle s’adresse aux pharmaciens qui souhaitent un accompagnement plus long ou qui préfèrent reprendre un cursus structuré. Le dépôt de candidature doit être fait avant le 1er novembre pour une rentrée l’automne suivant.
✔ Langue française : aucune démarche supplémentaire
Les pharmaciens formés en France sont automatiquement considérés comme répondant aux exigences de la Charte de la langue française. Aucun test de français n’est requis.
Travailler immédiatement en poste d’assistant technique pendant la reconnaissance
Durant les 4 à 6 premiers mois du parcours (ECOS + cours PHM 6510), les pharmaciens français peuvent travailler en officine en tant qu’assistant technique en pharmacie (ATP). Cela présente plusieurs avantages :
- revenu assuré dès l’arrivée ;
- immersion dans les pratiques locales ;
- accompagnement par les pharmaciens québécois ;
- adaptation progressive aux logiciels, aux processus et à la relation patient.
Une fois les étapes 1 et 2 validées, le candidat effectue son stage rémunéré en tant que pharmacien stagiaire, avant d’obtenir son permis.
Immigration et installation : un accompagnement qui fait la différence
S’expatrier au Québec implique plusieurs démarches administratives incontournables. Le futur pharmacien doit notamment obtenir un permis de travail, compléter les formalités auprès d’Immigration Québec, s’inscrire à la Régie de l’assurance maladie (RAMQ) et organiser sa recherche de logement. À ces aspects pratiques s’ajoute l’adaptation progressive à un nouvel environnement culturel, qui représente un défi autant personnel que professionnel.
Pour simplifier cette transition, certaines organisations québécoises proposent aux candidats un véritable accompagnement « clé en main ». Celui-ci peut inclure la gestion complète du processus d’immigration pour le pharmacien et sa famille, la prise en charge des frais liés à la reconnaissance des qualifications auprès de l’OPQ, une aide concrète pour trouver un logement avant l’arrivée, ainsi qu’un suivi personnalisé tout au long du parcours.
Ce soutien global change considérablement l’expérience des candidats : il réduit le stress lié à la mobilité internationale, facilite les démarches administratives et offre un cadre sécurisant pour s’intégrer sereinement dans un nouveau système de santé et un nouveau mode de vie.
Marché de l’emploi : une pénurie plus marquée qu’en France
Le marché de l’emploi en pharmacie au Québec connaît une tension encore plus forte qu’en France. Le vieillissement de la population, associé à une réduction progressive de la main-d’œuvre disponible, exerce une pression importante sur l’ensemble du système de santé. Cette situation est accentuée par l’élargissement du rôle clinique des pharmaciens, qui ont vu leurs responsabilités s’étendre au fil des réformes, augmentant mécaniquement la demande pour ces professionnels.
Dans ce contexte, les pharmaciens comme les assistants techniques en pharmacie bénéficient d’un marché particulièrement favorable. Les opportunités sont nombreuses, que ce soit dans les grandes zones urbaines ou dans des régions moins densément peuplées, où le besoin de main-d’œuvre est souvent encore plus marqué. Cette forte demande offre aux candidats des perspectives de carrière attractives, une stabilité professionnelle appréciable et des conditions d’emploi généralement avantageuses, y compris en matière de rémunération et d’évolution.
Exercer en pharmacie au Québec : ce qui change par rapport à la France
Bien que les deux systèmes soient proches, plusieurs différences majeures distinguent l’exercice québécois.
✔ Pour les assistants techniques
La principale distinction concerne le rôle-conseil, réservé exclusivement aux pharmaciens.
Les ATP sont centrés sur la logistique, la préparation des prescriptions et l’accompagnement technique.
✔ Pour les pharmaciens : un rôle clinique élargi
Grâce à la Loi 31 et au projet de loi 67, les pharmaciens québécois peuvent désormais :
- prolonger une ordonnance ;
- prescrire certaines analyses de laboratoire ;
- prescrire des médicaments pour des problèmes mineurs (ex. cystite simple, conjonctivite allergique, zona, eczéma…) ;
- ajuster la posologie ou la forme d’un traitement ;
- substituer un médicament en cas de rupture ;
- administrer des médicaments et certains vaccins.
Cette autonomie élargie rapproche le pharmacien québécois des pratiques de première ligne, renforçant son rôle dans la gestion des problèmes de santé mineurs.
✔ Organisation des pharmacies
Les officines québécoises sont souvent plus grandes que les pharmacies françaises et comprennent plusieurs pharmaciens, une équipe d’ATP structurée, parfois une infirmière intégrée pour les soins de base (ITSS, vaccination, suivi des maladies chroniques, soins de plaies…).
Cette organisation permet aux pharmaciens de consacrer davantage de temps aux actes cliniques.
✔ Salaires
Les salaires au Québec sont généralement plus attractifs que ceux des pharmaciens français, avec une rémunération proportionnelle au rôle clinique étendu.
Quel profil de candidat pour réussir au Québec ?
Les critères principaux ne sont pas techniques, mais personnels :
- motivation à s’expatrier ;
- capacité d’adaptation et de résilience ;
- envie d’apprendre un nouveau système de santé ;
- aptitude à travailler en équipe dans un environnement multiculturel.
Pour les préparateurs, une expérience de 1 à 3 ans est recommandée.
Pour les pharmaciens, le diplôme français est admissible directement, sous réserve du parcours de reconnaissance.
Idées reçues courantes
❌ « Je vais devoir refaire mes études »
Faux. L’entente France–Québec évite tout retour en formation longue.
❌ « Je ne gagnerai rien pendant la reconnaissance »
Faux. Les pharmaciens peuvent travailler comme ATP dès leur arrivée.
❌ « Le processus est impossible à réussir »
Faux. Il demande du travail, mais les pharmaciens français réussissent majoritairement.
❌ « La reconnaissance prend plusieurs années »
Faux. La durée moyenne est de 8 à 10 mois (option ECOS).
Le Québec offre aux préparateurs et pharmaciens français une opportunité unique : exercer dans un environnement stimulant, au cœur d’un système de santé en évolution, avec un rôle clinique renforcé et des perspectives de carrière attractives.
Si les démarches sont exigeantes, elles sont aussi bien balisées, encadrées par un accord officiel et accompagnées par des structures spécialisées qui facilitent chaque étape, de l’immigration à l’obtention du permis.
Pour celles et ceux qui souhaitent donner un nouvel élan à leur vie professionnelle, travailler en pharmacie au Québec représente une aventure humaine et professionnelle exceptionnelle.
